Le taxi-moto a fait son entrée, il y a quelques années déjà parmi les moyens de déplacement utilisés dans la capitale, Kinshasa. Mais, comme dans le reste du secteur des transports en commun, cette activité est majoritairement tenue par des hommes. Par contre, Jolie Bambi, à la vingtaine révolue , est l’une des rares femmes qui espère féminiser ce domaine. La rédaction de Mbote.cd l’a rencontrée le jeudi 9 mars à Bandalungwa.
Elle s’appelle Jolie Bambi.De teint clair, frêle mais vivace et vigilante. Ce n’est pas pour son physique qu’elle attire autant l’attention, mais plutôt son métier insolite.
Depuis 4 ans, elle est devenue une curiosité dans les rues de Kinshasa. Sur l’avenue de la Libération, l’ex-24 Novembre, la ligne qu’elle dessert souvent. Chauffeurs et piétons se retournent et se poussent du coude en suivant des yeux sa moto noire qui,roule vive allure à longueur de la journée.
Jolie, la conductrice, ne passe encore moins inaperçue lorsqu’elle porte sa chemise verte vive, avec ses cheveux lisses un peu froissés par le vent, slalomant avec aisance dans les embouteillages.
« Oh, une femme fait le taxi-moto ! », s’étonne un passager à l’arrêt de bus Bonbon sucré, à quelques pas du centre pénitentiaire de Makala.
Depuis qu’elle s’est lancée dans ce métier, Jolie Bambi fait souvent preuve d’admiration de la part des uns et d’insultes de la part des autres. Malgré tout, elle ne se décourage pas et continue d’exercer le métier qu’elle affectionne tant en l’occurrence, chauffeur de taxi-moto.
« Beaucoup de personnes sont étonnées quand elles me voient conduire. Certaines m’encouragent, d’autres m’insultent. Pour dire vrai, je ne suis pas intimidée par leur propos injurieux. Je fais mon travail », lâche-t-elle en souriant.
Du côté de ses collègues hommes, il n’est pas question de la marginaliser en raison de son sexe. Pour eux, Jolie a gagné pleinement leur respect.
« Je suis fier d’elle. À Kinshasa, certaines filles de son âge se prostituent. Elle a préféré gagner sa vie dignement avec la sueur de son front. Ici, on la respecte énormément », témoigne un motocycliste de Bandal.
À la question de savoir ce qui l’a poussée à exercer ce métier, cette femme « Wewa »explique que, c’est suite au durcissement de la conjoncture à Kinshasa.
« Je suis conductrice de taxi-moto depuis 4 ans. J’ai un enfant de 5 ans. Grâce à ce métier, je parviens à subvenir aux besoins de ma famille et aux miens. Rester à la maison sans rien faire ou se prostituer ne sont pas des choses encourageantes. C’est pourquoi je fais ce métier », raconte-t-elle.
Par ailleurs, cette dernière ne compte pas s’arrêter là et, à l’occasion du mois de la Femme, elle est déterminée à valoriser sa profession et à former la relève. Pour ce faire, elle invite toutes les femmes désœuvrées à se lancer dans cette activité afin de concurrencer les hommes.
« Je serais si heureuse de voir d’autres femmes comme moi embrasser cette profession. Certaines en ont cette volonté mais ont peur. Je les exhortent à vaincre la peur. De nos jours, une femme doit savoir gagner sa vie. On ne peut plus dépendre entièrement d’un homme », affirme cette dernière.
Jolie Bambi peut être la seule femme à faire le transport en moto entre Bandal et Selembao. Pourtant, elle n’est pas exempte des tracasseries policières comme tout autre conducteur de moto. Malgré ça, elle ne se fatigue à pratiquer son métier de wewa avec autant de dévouement
Christian-Timothée Mampuya