La candidature à l’élection présidentielle de 2023 en République démocratique du Congo (RDC) du Dr Denis Mukwege, prix Nobel de la paix 2018, fait l’objet de vives critiques de la part du gouvernement congolais.
Lors d’un briefing presse le 9 octobre dernier, le ministre de la Communication et des Médias Patrick Muyaya a estimé que, le Dr Mukwege, célèbre gynécologue fondateur de l’hôpital de Panzi qui soigne les victimes de violences sexuelles en RDC, aurait dû rester une « autorité morale » plutôt que de se lancer en politique.
« Il aurait dû faire le choix de rester pour nous tous comme une autorité morale, un prix Nobel chez qui on allait même chercher des conseils », a-t-il déclaré.
Le ministre a jugé « choquante » la position du Dr Mukwege sur les questions de genre et l’a invité à « beaucoup lire » avant d’aspirer à la présidence.
« Mais lorsqu’il a choisi le groupe par haine, il vient de commettre des erreurs, la question du genre, elle est plutôt choquante. Je considère que le docteur doit être en mesure maintenant lui qui aspire de devenir président de la République à venir nous challenger (…) Il doit beaucoup lire» , a ajouté Patrick Muyaya.
De son côté, le ministre a assuré que l’Etat congolais prend désormais en charge les questions défendues par le Dr Mukwege, à travers notamment le Fonds national de réparation des victimes de violences sexuelles (FONAREV). Selon le ministre, cette reprise en main par l’Etat expliquerait la décision du prix Nobel de se lancer dans l’arène politique.
«De toute évidence, le docteur n’a plus beaucoup à faire en ce qui concernait son combat. Il y a le FONAREV qui a été créé. Le fonds national de réparation de victimes de violences sexuelles. Il y a une direction qui a été mise en place où toutes ces questions ont été traitées. Peut-être c’est pour cela qu’il a choisi d’être candidat puisque ce qu’il occupait de manière régulière est pris en charge par l’Etat qui donne des réponses»
Ces prises de position hostiles du gouvernement illustrent les tensions suscitées par l’entrée en politique du Dr Mukwege, figure respectée sur la scène internationale pour son combat en faveur des droits des femmes en RDC. Reste à savoir si cette controverse impactera sa candidature à la présidentielle de 2023, où il entend porter les questions de l’état de droit, de la bonne gouvernance et des droits humains.