Il y a 318 ans, le 2 juillet 1706, Kimpa Vita, figure fondatrice du mouvement antonianiste, était brûlée vive dans le royaume du Kongo pour être considérée comme une hérétique. Pourtant, cette femme visionnaire a tenté d’unifier son pays en conciliant le christianisme et les traditions africaines, faisant d’elle une pionnière de la pensée panafricaine.
Née vers 1684 au Mont Kibangu, dans le royaume de Kongo qui fait aujourd’hui partie de l’Angola, Kimpa Vita a été éduquée dans la tradition des nganga marinda, ces guérisseurs et intermédiaires entre les vivants et les ancêtres. Issue d’une famille noble, elle a très tôt eu des visions spirituelles qui l’ont poussée vers une voie mystique.
C’est dans ce contexte qu’elle a fondé le mouvement religieux de l’Antonianisme, mélange syncrétique de christianisme et de pratiques africaines. Ses prêches affirmant que Jésus était noir et était né au Kongo ont rapidement séduit les populations, lui permettant d’unifier un royaume du Kongo alors divisé.
Considérée comme une figure messianique par ses fidèles, Kimpa Vita s’est même présentée comme la réincarnation de saint Antoine de Padoue. Son influence grandissante a fini par inquiéter les autorités coloniales portugaises et l’Église catholique, qui l’ont fait arrêter en 1706.
Enceinte d’un de ses compagnons, Kimpa Vita a été condamnée comme hérétique et brûlée vive par les troupes du roi Pedro IV du Kongo, à l’instigation de moines capucins. Le sort réservé à son enfant reste encore aujourd’hui entouré de mystère, la tradition orale affirmant qu’il aurait été brûlé avec elle.
Malgré ce martyre, Kimpa Vita est aujourd’hui considérée comme une pionnière du panafricanisme, ayant tenté d’unifier son pays à travers un christianisme réinventé, ancré dans les traditions africaines. Son mouvement antonianiste a d’ailleurs influencé par la suite d’autres courants religieux comme le kimbanguisme.
Près de trois siècles après sa mort, le combat de Kimpa Vita pour l’unité du continent africain et la reconnaissance des valeurs culturelles locales reste plus que jamais d’actualité. Son parcours et son engagement en font assurément une figure historique majeure, la « mère de l’unité africaine » selon de nombreux historiens.
