Situé dans la commune de Ngaliema, le quartier de Kintambo-Magasin est devenu bien plus qu’un simple carrefour ou un arrêt de bus. Depuis plusieurs années maintenant, il abrite un marché pirate qui propose chaque soir du pain et de l’omelette garnie ou non de charcuterie, le tout vendu à moins de 2 dollars américains. C’est ce que MBOTE.CD a pu constater lors d’une visite effectuée le dimanche 24 juillet 2023.
Il est à peine 18 heures, le soleil commence à se coucher. Ce dimanche-là, la circulation est fluide à Kintambo-Magasin, contrairement aux jours de semaine où embouteillages de véhicules et de piétons se font sentir. Malgré le froid de la saison sèche, l’atmosphère du quartier reste électrique. Les klaxons des bus et des taxis, les discussions animées des passagers et les vendeurs à la criée contribuent tous à créer une ambiance conviviale et chaleureuse.
C’est à ce moment précis, en face des jets d’eaux installés à la place Kintambo-Magasin que débarque Angèle, avec un bassin rempli des pains soigneusement couverts d’un sachet blanc à peine transparent. Deux minutes plus tard ,un de ses enfants la rejoint avec un carton d’œufs qu’elle se dépêche d’étaler.
Dans la même tranche d’heure, d’autres femmes venues fraîchement de leur domicile font de même à différents endroits.
Angèle fait parti de ces femmes qui vendent le célèbre Lipa na Maki (Pain et omelette) à Kintambo Magasin. Elle installe son étal souvent vers 17 heures et quitte son lieu de travail vers 2 ou 3 heures du matin. Depuis environ 5 ans, elle propose ses services à un public large, principalement composé des célibataires.
« C’est depuis 2018 que je vends ici à Kintambo, la majorité de mes clients sont des jeunes célibataires d’autres viennent de Pompage, Mimoza ou UPN. Ils en profitent d’acheter avant de regagner la maison. Mais il y a aussi des couples mariés qui viennent », reconnaît-elle.
Maman Verro, sa voisine, confirme ces propos en affirmant que ce sont souvent des jeunes « qui rentrent de soirées arrosées, des célibataires ou des couples vivant à proximité, des couche-tard qui sont de grands consommateurs de l’omelette de Kintambo-Magasin ».
Au-delà des témoignages de ces vendeuses, MBOTE.CD a remarqué qu’à partir de 20 heures, il y a un engouement croissant devant chaque étal. En effet, hommes et femmes se bousculent pour être servis en premier et déguster la spécialité du coin.
Félix Tshiama, résidant de la commune de Ngaliema, fait partie des fans inconditionnels de l’omelette de Kintambo en raison de sa saveur unique.
« je peux faire l’omelette moi-même à la maison, rien ne me manque. Mais j’ai l’impression que celle faites par ces femmes est bien meilleure que la mienne » , a déclaré ce jeune.
Nickson Bedo, un jeune du quartier Delvaux, confie qu’il lui suffit de débourser 4000Fc (environ 2 dollars américains) pour s’offrir du pain et de l’omelette, qui constituent parfois son seul repas de la journée en raison de ses nombreuses occupations qui l’empêchent de cuisiner lui-même.
« Je sors le matin pour aller travailler en ville. Le boulot peut terminer à 18 mais aux environs de ces heures je me sens fatigué et je ne saurai faire la cuisine surtout je suis encore célibataire avec seulement 3000 ou 4000 francs congolais, je peux avoir une omelette avec du boudin. Et le tout est inséré dans un pain », confie ce jeune homme du quartier Binza-Delvaux.
Au-delà de procurer de la joie aux nombreux acheteurs, la vente d’omelette et de pain à Kintambo-Magasin est un véritable business rentable pour ces vendeuses. Plusieurs d’entre elles parviennent à nourrir leur foyer grâce à cette activité commerciale florissante.
Le marché pirate de Kintambo-Magasin est devenu bien plus qu’un simple lieu de vente de pain et d’omelette. Il incarne un véritable phénomène social et économique, attirant chaque soir une clientèle fidèle en quête de saveurs uniques et d’une expérience culinaire conviviale.
