Pour combattre la deuxième vague du coronavirus en République Démocratique du Congo, le chef de l’État, Félix Tshisekedi, a présidé, le mardi 15 décembre 2020, la réunion du comité multisectoriel.
À l’issue de cette réunion, plusieurs mesures ont été annoncées en vue d’enrayer cette résurgence de covid-19, entre autres l’instauration d’un couvre-feu national de 21h à 5h du matin, l’interdiction des productions artistiques et des kermesses voire des cérémonies festives et des réunions de plus de dix personnes.
Sur base de ces restrictions, une question émerge: quel avenir pour la culture congolaise pendant cette période marquée par la covid-19 ?
En effet, ces décisions prises pour lutter contre cette pandémie sèment calvaire dans le monde culturel. Les artistes congolais pourtant, ne vivent qu’au travers de leurs prestations scéniques.
Sur ce, leurs projets sont presqu’invendus dans les plateformes de streaming légales, notamment « Tidal, Deezer, ITunes, Apple Music, etc. »
Covid plonge certains artistes dans le pétrin
Pendant ce temps de crise sanitaire et économique, certains artistes musiciens qui n’ont pas de produits sur le marché de disques sont dans une situation chaotique. La pandémie a tout bouleversé dans leur secteur d’activité. Toutes les productions scéniques programmées pendant cette période de festivité de fin d’année sont annulées et d’autres repoussées en 2021.
Le secteur de droit d’auteur aussi bousculé par la pandémie
Une autre difficulté qui caractérise le paysage musical congolais réside dans le secteur de droit d’auteur. Les musiciens congolais ne sont pas bien rémunérés par les sociétés de droits d’auteurs où ils se sont affiliés.
En RDC, les artistes sont à la base des œuvres d’esprit sans pouvoir percevoir normalement et régulièrement leurs droits d’auteur. Et pourtant, l’Ordonnance-loi n°86-033 du 5 avril 1986 portant protection des droits d’auteurs et droits voisins statue sur ce sujet. En son article 1, cette loi stipule que « l’auteur d’une œuvre d’esprit jouit sur cette œuvre, du seul fait de sa création, d’un droit de propriété incorporelle exclusif et opposable à tous. Ce droit comporte des attributs d’ordre intellectuel et moral, ainsi que des attributs d’ordre patrimonial qui sont déterminés par l’ordonnance-loi ».
Par ailleurs, les descendants musicaux de Grand Kalé, Tabu Ley, Luambo Makiadi et bien d’autres, traversent des moments très durs en cette période dominée par la nouvelle version du coronavirus, leur avenir en dépend. La piraterie devient donc, l’une des causes d’appauvrissement des musiciens
En RDC, la piraterie a pris le dessus sur les droits des œuvres des professionnels culturels. Les contrefacteurs des supports des chansons et d’autres contenus audiovisuels s’enrichissent au détriment des artistes.
La piraterie, monnaie courante
Le piratage des produits artistiques est plus récurrent pour les œuvres photographiques et vidéographiques sur toute l’étendue du pays. Malgré la dénonciation des victimes (musiciens), ces contrefacteurs n’ont jamais été interpellés par les autorités compétentes.
À ce jour, la musique est la discipline artistique la plus piratée au pays du président Félix Tshisekedi. Ce phénomène y bat son plein, et prend de plus en plus de l’ampleur. Chaque année, des milliers de dollars échappent aux auteurs d’œuvres d’esprit.
La gravité de la piraterie
Les artistes musiciens et les producteurs de musique qui investissent dans le circuit musical ne se plaignent plus et ne saisissent plus les autorités compétentes pour traquer ces pirates à ciel ouvert, bien qu’ils dépensent considérablement pour l’enregistrement des chansons et le tournage des clips vidéo.
Attente des artistes auprès de la justice congolaise
L’État congolais devrait s’imprégner de cette problématique pour rétablir les artistes musiciens dans leurs droits, notamment financièrement comme ceux d’autres pays au monde, voire en Afrique.
En guise d’exemple, au Nigeria et au Ghana, le phénomène « piraterie » a pris fin sur base des dispositions légales et leur stricte application. Pour inquiéter les auteurs de ces actes, des sanctions pénales ont été réservées aux contrefacteurs. C’est ce qui justifie à cet effet, le respect des droits des artistes dans ces deux pays d’Afrique. Les artistes nigérians et ghanéens sont bien rémunérés par les sociétés de droits d’auteurs où ils se sont affiliés.
« Il n’est jamais tard pour se reconstruire », dit-on. Le gouvernement congolais est appelé donc à s’inspirer des règles de ces deux nations ouest-africaines précitées pour juguler le phénomène « piraterie » au pays, afin de permettre aux artistes congolais de vivre de leur travail.
Andy André MUKANYA, analyste financier, économique et social.