La tension reste palpable à Kinshasa. Malgré l’interdiction du gouverneur Daniel Bumba, les étudiants de l’ISTA (Institut Supérieur des Techniques Appliquées) ont bravé l’ordre et sont descendus dans les rues de la capitale congolaise ce mercredi pour manifester.
Cette décision fait suite à l’annonce par le gouverneur, mardi soir, de la suspension de « toute activité et marche » dans la ville-province, et ce « jusqu’à nouvel ordre ». Une mesure prise après les violents débordements qui avaient émaillé les rassemblements de la veille contre « l’agression rwandaise ».
« Jusqu’à nouvel ordre, nous vous informons que les activités et les marches sont suspendues pour une date ultérieure. Nous commencerons des patrouilles mixtes pour instaurer la paix dans la ville de Kinshasa », avait alors déclaré Daniel Bumba, accompagné de la ministre d’État Ève Bazaiba.
Mais les étudiants de l’ISTA ont choisi de passer outre cette interdiction, estimant que la situation actuelle dans l’est du pays, théâtre d’affrontements entre les forces armées congolaises et le M23 soutenu par le Rwanda, justifiait leur mobilisation.
Face à ce défi des autorités, les forces de l’ordre ont dû intervenir pour tenter de disperser le cortège estudiantin, qui scandait des slogans patriotiques. Plusieurs arrestations auraient été opérées, selon des témoins sur place.
Cette défiance des étudiants face à la décision du gouverneur illustre la difficulté pour les autorités à contrôler une opinion publique congolaise très remontée contre l' »agression rwandaise ». Malgré les risques de débordements, la mobilisation semble loin d’être retombée dans la capitale.
Le pouvoir congolais est ainsi confronté à un délicat exercice d’équilibriste : assurer la sécurité dans Kinshasa tout en canalisant la colère populaire dans un contexte de guerre à l’Est. Une équation complexe à résoudre dans l’urgence.