La situation humanitaire et sanitaire devient de plus en plus préoccupante dans le territoire de Djugu, en province de l’Ituri. Selon les chiffres révélés mardi 8 avril par la Division du genre, famille et enfants, au moins une dizaine de décès liés aux avortements criminels ont été enregistrés depuis le début de l’année dans les zones de santé de Mangala et Mungwalu.
Dans une interview exclusive accordée à Radio Okapi, la responsable de ce bureau, Ruth Biwaga, a exprimé son inquiétude face à l’explosion des cas de violences sexuelles, notamment sur les filles mineures, dans ces zones fortement impactées par l’instabilité sécuritaire et l’exploitation minière artisanale.
« Il y a des décès d’enfants filles après avoir subi des viols dans des sites. D’autres meurent suite à des avortements pratiqués dans des conditions totalement précaires, souvent avec des produits contraceptifs achetés en pharmacie, sans encadrement médical », a-t-elle déclaré. Le recours à ces pratiques clandestines est aggravé par la pauvreté, l’insécurité et l’absence de l’autorité de l’État, qui empêche la remontée efficace des cas au niveau institutionnel.
Les adolescentes, pour survivre, se livrent à la prostitution dans les sites miniers, où elles sont parfois contraintes de vendre de petits articles aux creuseurs artisanaux sous l’œil des miliciens, tandis que d’autres y sont exploitées comme main-d’œuvre bon marché ou victimes de violences sexuelles.
Le médecin-chef de la zone de santé de Mangala, tout en reconnaissant la faiblesse des dispositifs de prise en charge actuels, a promis une intensification des campagnes de sensibilisation avec l’appui de partenaires humanitaires.
Il appelle à un engagement accru des autorités et des organisations pour mettre fin à cette spirale de violences et de drames évitables.