Une nouvelle déclaration conjointe signée à Kinshasa entre le gouvernement de la République Démocratique du Congo (RDC) et les représentants de l’Alliance Fleuve Congo/M23 (AFC/M23) marque un tournant inattendu dans la gestion du conflit à l’Est du pays.
Les deux parties annoncent une volonté commune d’aller vers une trêve et un cessez-le-feu, sous l’égide du Qatar, facilitateur des pourparlers. Jusqu’ici, rien de surprenant dans une démarche diplomatique qui se veut porteuse d’espoir. Mais un passage du document fait réagir : les signataires appellent les médias congolais à « soutenir et diffuser ce message d’espoir et de paix ».
Cet appel à la presse sonne étonnamment paradoxal. Il y a à peine quelques mois, le ministre de la Justice, Constant Mutamba, et le président du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC), Christian Bosembe, annonçaient, avec fermeté, que toute personne médiatisant le M23 risquerait la peine de mort pour « complicité avec un mouvement terroriste ».
Cette déclaration avait semé la terreur dans les rédactions. Plusieurs journalistes avaient été convoqués, interrogés, censurés, ou s’étaient autocensurés, craignant pour leur vie ou leur liberté. Certains médias avaient même suspendu la couverture de l’actualité de l’Est du pays par crainte de représailles.
Aujourd’hui, le gouvernement demande à ces mêmes médias de s’impliquer activement dans la promotion d’un dialogue avec le M23, qu’il qualifie pourtant toujours officiellement de « mouvement terroriste ». Cette volte-face soulève des interrogations sur la cohérence de la stratégie de communication de l’État congolais.
Comment les journalistes peuvent-ils, d’un côté, être menacés de la peine capitale pour avoir évoqué le M23, et de l’autre, être sollicités pour relayer une déclaration conjointe avec ce même groupe armé ?